FORTERESSE ET CHÂTEAU

La forteresse est le premier noyau défensif médiéval de Castelleone réalisé autour du XI-XII siècle sur le bord d’une falaise qui caractérise le sommet de la colline surplombant le fleuve Cesano. La fortification a une forme rectangulaire avec des côtés plus petits arrondis et à ses côtés s’est développé le village primitif d’où est originaire le « château », entouré également de murs et avec un tissage urbanistique plus complexe. Rocca et château ont dû être adaptés à la conformation morphologique du lieu et aux lignes de prédominance de l’unique route de liaison avec l’abbaye bénédictine de San Lorenzo in Campo à laquelle appartenait le territoire. Juste sous la forteresse et devant le bourg primitif, le 5 mars 1266 Cantagallo di Cagli et Giovanni di Giglio, capitaines des hommes et de l’université de Castelleone, conjointement avec le parlement des 57 hommes du château, désignent Accorimbona d’Egidio comme leur maire et procureur pour la soumission à la Commune de Rocca Contrada (actuelle Arcevia). Pendant cette période, le lieu est dominé par Rinaldo di Brunforte qui est également présent dans la puissante commune de montagne, dont il devient recteur en 1288. Un peu plus d’un siècle plus tard, et précisément le 26 novembre 1371, le même lieu est le théâtre d’un autre fait important pour l’historiographie suasaine. L’abbé Reginaldo s’est présenté avec la bulle de Grégoire XI du 31 août 1371 pour demander la restitution du fief soustrait à l’abbaye une quinzaine d’années auparavant par le cardinal Egidio Albornoz et fini à la Chambre apostolique. À cette époque, en effet, l’abbaye avait en cours une controverse avec l’épouse et la fille d’Octave dernier des Brunforte seigneurs de Castelleone qui revendiquaient le réinvestissement sur le fief. Dans le processus de réorganisation de la Marche, le Légat en Italie avait saisi la balle au bond et confisqué le territoire ensuite inféodé au florentin Bindaccio Ricasoli. Qui maintenant, après trois sentences favorables à l’Abbaye laurentine, ne peut que restituer la forteresse, le château et sa curie avec tous les droits, les juridictions et les compétences. La possession directe de l’abbaye laurentine ne dure cependant que quinze ans, car l’abbé contesté Nallo di Civitanova concède en 1386 le fief de Castelleone à Niccolò Castracani de Lucques, à sa femme Onofria et à sa belle-mère Catherine. Les deux femmes, cependant, ne sont rien d’autre que la fille et l’épouse d’Octave le dernier des Brunforte seigneurs de Castelleone. Et c’est précisément contre les Castracani que le nouvel abbé Ugo di Montevecchio devra avancer des protestations formelles pour les concessions faites aux ménagères, aux hommes et à l’Université de Castellone à l’occasion de la fortification du château. La notification a lieu cette fois sur la place de la forteresse à l’église primitive de Saint-Pierre. Elle est présentée le 22 mai 1457 par Giovanni di Fossombrone, pievano di Montalfoglio et vicaire spirituel de l’abbé. Sous peine d’excommunication, les nouveaux seigneurs de Castelleone doivent ainsi reconnaître la pleine propriété du monastère sur les maisons, fossés, reptiles et équipements, dont ils doivent demander la rénovation. Au fil du temps, les exigences défensives s’atténuent et la forteresse perd peu à peu sa prééminence au profit du château sous-jacent qui se développe surtout avec les Della Rovere. En face de la forteresse est né un nouveau village en dehors des murs du château et le long de la ligne de prédominance déterminée par la route de liaison avec San Lorenzo in Campo. Il sera suivi, à partir du XVIIe siècle, d’une nouvelle direction de développement le long de la route d’accès au couvent des frères Minimes de saint François de Paule, voulu par les frères Giuliano et Ippolito Della Rovere.